Interview : Agents non payés, régulation des effectifs, et mandat de gestion : transformer le SENACEEPEF d’un simple service d’enregistrement en véritable organe de régulation des effectifs.

Le Directeur national du Service national de contrôle des effectifs et éléments de paie du personnel enseignant et formateur (SENACEEPEF), M. Daniel KIMBAMBU SEFU, revient sur la situation préoccupante des agents non payés du sous-secteur de la formation professionnelle. Dans cet entretien exclusif, il évoque les origines du blocage, les responsabilités institutionnelles, et la vision du ministère pour assainir la gestion des effectifs et garantir la rémunération équitable du personnel.

Q1 : Monsieur le Directeur, où en est-on aujourd’hui avec la situation des agents non payés de la formation professionnelle ?

Daniel KIMBAMBU :

La solution, aujourd’hui, ne peut venir que du gouvernement. Il faut rappeler que les décisions des ministres s’inscrivent dans un cadre légal : arrêtés, ordonnances, et autres textes réglementaires. Le ministère a été amené à créer des établissements via des mandats de gestion confiés à des coordinations, faute de moyens pour construire directement des structures. Dans ce contexte, l’État devait assumer la rémunération des agents engagés — ce que prévoient les textes. Le véritable blocage aujourd’hui, c’est le budget

Q2 : Pouvez-vous nous expliquer ce qui s’est passé concrètement au niveau budgétaire ?

Daniel KIMBAMBU :

En 2023, nous avons reçu environ 11 milliards de francs congolais pour la paie, dont plus de 9 milliards ont été utilisés. En 2024, 17 milliards étaient prévus pour la rémunération, mais les choses ont rapidement dérapé. Aucun décaissement n’a été effectué ni au T1, ni au T2. Au T3, seuls 929 millions ont été mis à disposition. Nous avons préparé les paiements, transmis au budget, mais un malentendu entre le Secrétariat général et la Fonction publique a conduit au blocage du processus par une correspondance du Vice-Premier Ministre, Ministre de la Fonction Publique. Le temps que cette mesure soit levée, les fonds n’étaient plus disponibles. Depuis, le dossier est en souffrance.

Q3 : Le ministre de la Formation professionnelle est-il au courant ? Quelles actions a-t-il entreprises ?

Daniel KIMBAMBU :

Oui, Son Excellence Monsieur le Ministre a été informé et s’est immédiatement saisi du dossier. Il a adressé trois lettres officielles pour réclamer ces fonds dans le cadre de la paie complémentaire, mais jusqu’à ce jour, la situation reste figée. Il faut noter que le président de l’Assemblée nationale, Vidal Kamhere, est également intervenu pour exiger le paiement des agents de la formation professionnelle. C’est un signe fort de reconnaissance du problème à haut niveau.

Q4 : Il y a énormément des critiques autour des recrutements dans les coordinations. Quelle est votre lecture ?

Daniel KIMBAMBU :

Le ministre a raison de dénoncer ces recrutements souvent désordonnés. Toutefois, il faut comprendre que ces pratiques sont encadrées par des textes antérieurs, notamment l’arrêté 039 et la circulaire 0331, qui ont autorisé les coordinations à recruter dans le cadre des mandats de gestion. Le véritable problème, c’est qu’aucun texte n’a limité ou ajusté ces recrutements selon les besoins réels. Il manquait un mécanisme de régulation des effectifs.

Q5 : Que proposez-vous pour corriger cette situation ?

Daniel KIMBAMBU :

C’est exactement la vision du ministre actuel, Me Marc EKILA LIKOMBO. Il a chargé nos services de préparer un nouveau texte, qui est déjà prêt et sur sa table. Ce texte prévoit de renforcer les pouvoirs de contrôle du SENACEEPEF, afin que nous puissions avoir un droit de regard lors des recrutements au niveau des coordinations. Il s’agit de transformer le SENACEEPEF d’un simple service d’enregistrement en véritable organe de régulation des effectifs. Nous espérons sa signature très prochainement.

Q6 : Quel message adressez-vous aux agents non payés ?

Daniel KIMBAMBU :

À tous les formateurs et agents des centres et bureaux qui attendent depuis longtemps, je leur dis : gardez espoir. Le ministre Marc EKILA se bat pour vous, vous le voyez dans les médias. Il est actif, engagé, et sincère dans sa démarche. Nous avons également confiance en la vision du Chef de l’État, qui a dédié tout un ministère à la formation professionnelle. Le président veut bâtir une classe moyenne forte, lutter contre le chômage, et donner aux jeunes une formation de qualité. Nous croyons fermement qu’il ne laissera pas les agents de ce secteur dans la précarité. L’avenir est porteur d’espoir.

Propos recueillis par Alain Lino & Moise B./ CellCom

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